
Tout au long de son roman, Laurent Binet
se pose la question essentielle :
«Jusqu'à quel point peut-on romancer l'Histoire ?»
Le pacte de lecture
L'auteur parle d'un pacte de lecture : il assure que tous les faits décrits ne sont pas inventés et prévient sont lecteur quand une scène est fictive.
Il justifie chacune de ses informations par des références de livres, de journaux, de documents, des films, des noms lieux visités … Ces références prouvent la véracité de l'histoire. Pour l'auteur, « il n'y a tien de plus vulgaire […] qu'un personnage inventé (p. 10) et rien n'est plus artificiel qu'un dialogue qui n'a jamais existé (p. 33). Il ne veut pas inventer les goûts d'un personnage s'il ne les connaît pas, comme à la page 145 où il se dit qu'il ne peut pas faire boire du thé à un homme alors qu'il n'aimait peut-être que le café.
Semblable à un historien il remonte aux origines de l'inimitié entre l'Allemagne et la Tchéquie, ou explique les causes de certaines décisions politiques des pays.
Sa démarche le pousse à l'exhaustivité, c'est pourquoi il donne toutes ses informations mêmes contradictoires. Il n'hésite pas à exprimer son état d'esprit et ses doutes quand à la véracité des éléments.
Il laisse le lecteur établir sa propre opinion.
Laurent Binet ne veut pas rédiger un manuel d'histoire ou un documentaire (p. 146). Il cherche donc à ajouter un style d'écriture de roman : « Une goutte de stylisation, donc , dans l'océan du réel » ». De plus, un livre d'histoire ne peut pas rendre compte des émotions, des sentiments des personages contrairement à ce qu'il fait.
L'auteur expose souvent son point de vue personnel, son état d'esprit
ou son raisonnement.
La chronologie occupe une grande place dans le récit.
En effet, deux époques sont décrites en parallèle : la Seconde Guerre mondiale mais aussi sa propre époque, où l'auteur explique sa démarche et ses recherches
On peut dire qu'il est très honnête avec son lecteur. En plus de citer des sources, il dit quand il fait une erreur, sans pour autant modifier ce qu'il avait écrit précédemment.
Nous le suivons donc au fur et à mesure de ses recherches.
In fine, Laurent Binet cherche donc à établir une véritable relation d’égalité entre lui et le lecteur. Il sait que le lecteur est intelligent et qu’il se pose des questions. Même, il encourage cette curiosité. C’est pourquoi il n’hésite pas a présenter ses sources, pour que le lecteur ne soit pas obligé de le suivre aveuglement, ses opinions, pour que le lecteur puisse décider s’il est d’accord ou non, et ses doutes, pour que le lecteur connaisse réellement la crédibilité de ce qu’il lit. Il se demande donc tout au long du récit si les évènements racontés se sont réellement passés ainsi, et écrit son livre de manière à ce que le lecteur puisse se poser cette même question.
Il essaie d'atteindre un juste milieu entre l'Histoire pure et la fiction,
à travers ses pensées et ses recherches.
Antoine, Lotti et Rachel